Entre "
toujours remettre les pieds dans les mêmes sabots " ou " mais
qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour mériter ça ? ", les
expressions ne manquent pas pour signaler que certaines personnes se trouvent
inlassablement confrontées aux mêmes difficultés.
Comment expliquer qu'une personne qui a " tout pour être heureuse
! " ne le soit pas ou que telle autre dotée d'un Q.I. ( quotient
intellectuel ) supérieur à la moyenne se retrouve en échec
scolaire, ou que telle autre aille d'échec sentimental en rupture douloureuse
ou d'abandon en abandon ?
La question mérite réflexion et nous allons tenter d'apporter
un éclairage à partir de notre vécu et aussi des témoignages
de ceux et celles qui nous consultent.
L'être
humain est un être d'amour qui a fondamentalement besoin de se sentir
aimé, reconnu. L'absence totale de reconnaissance conduit inéluctablement
à la mort.
La reconnaissance que l'enfant reçoit peut être liée au
FAIRE, c'est à dire qu'il s'agit d'une reconnaissance conditionnelle.
Elle peut être positive : c'est bien ! tu as bien travaillé, tu
as fait un beau dessin
, tu as bien rangé ta chambre
etc
Elle peut aussi être négative car l'enfant ne fait pas que des
actes réussis mais également des erreurs voire des bêtises
et il a besoin de repères et aussi d'interdits. Il est par conséquent
normal qu'il reçoive de la reconnaissance conditionnelle négative,
qui peut se traduire par : ce travail est mal fait, il faut le recommencer ;
ces calculs sont faux, il faut recompter ; cette dictée comporte six
erreurs à corriger
, le bruit que tu fais est insupportable
Un enfant calme, peu bruyant, relativement autonome peut s'apercevoir que parfois
il peut rester de longues heures sans recevoir d'attention ou de reconnaissance
de la part de ses parents ou de ses éducateurs. Quand l'enfant prend
le risque de demander cette reconnaissance : " maman ou papa, tu viens
jouer avec moi ? " la réponse peut aussi être : " pas
tout de suite, tu vois bien que je suis occupé(e)
"
Il suffit que l'enfant fasse une bêtise, casse un objet, malmène
un petit frère ou une sur pour que immédiatement l'adulte
abandonne son activité et donne tout de suite de la reconnaissance conditionnelle
négative qui pourra se traduire éventuellement par une fessée.
L'enfant a tôt fait de se rendre compte qu'il est plus rapide et facile
d'obtenir de la reconnaissance négative plutôt que de la reconnaissance
positive.
Le plus
important cependant à nos yeux concerne la reconnaissance inconditionnelle
liée à L'ÊTRE. Elle aussi peut être positive : je
t'aime, tu es adorable
tu es formidable
tu es mignon
etc
Malheureusement elle peut aussi être négative : Je ne t'aime plus,
tu es vilain(e)
, tu es méchant(e)
tu es insupportable
.
ou menteur, ou nul(le)
.
Bien souvent nous remarquons qu'il s'agit d'une confusion entre FAIRE et ÊTRE.
Un mensonge ne fait pas un menteur, une maladresse ne fait pas un maladroit.
Ma copie peut être nulle, je ne SUIS pas nul !
Cette confusion entretient chez celui qui en a été victime un
manque de confiance très préjudiciable pour la suite des événements.
Nous voyons là une des conséquences de l'effet PYGMALION.
Pygmalion était un roi légendaire de Chypre, sculpteur. Il avait
conçu la statue de la femme idéale à ses yeux et en était
tombé amoureux. La déesse de l'Amour, sensible aux vux de
Pygmalion a donné vie à Galathée. Cette dernière
est devenue son épouse et la mère de son fils car Pygmalion a
CRU cette vie possible. C'est la foi qui provoque le miracle. C'est aussi ce
que l'on appelle la réalisation automatique des prophéties ou
encore le phénomène oedipien. Dans la légende d'dipe,
la tragédie s'accomplit car à tous les niveaux chaque protagoniste
a Foi en l'oracle et en voulant éviter le drame, chacun le provoque.
C'est ainsi que comme dans les contes, les fées (ou les parents), en
se penchant sur notre berceau ou au cours de notre enfance ont pu prononcer
des bénédictions ou au contraire des malédictions et ces
dernières peuvent expliquer un certain nombre de conduites d'échec.
Il faudrait aussi pouvoir étudier la psychogénéalogie de
chaque personne en situation d'échec pour se rendre compte que parfois
il s'agit d'une répétition de l'histoire familiale, sorte de fidélité
à des ancêtres, ou de loyauté vis à vis d'eux.
Il est possible aussi de tenter de régler des comptes familiaux et d'échouer
précisément parce que papa ou maman a réussi. Certains
enfants ont également entendu de manière inconsciente " l'interdit
" de " dépasser " le parent dans la réussite professionnelle,
sociale ou familiale.
Paradoxalement aussi certains enfants échouent parce qu'ils sentent peser
sur leurs épaules le poids des attentes de leurs parents et que les "
missions de réparation " sont lourdes à porter. Le philosophe
Alain écrivait que les enfants partaient à l'école plus
chargés du poids des espérances de leurs parents que du poids
de leur cartable.
Une fois de plus l'enjeu est l'amour. Rien n'est plus important pour l'enfant
que de se savoir aimé. La confusion évidente dans le langage et
dans les messages parentaux entre reconnaissance conditionnelle et reconnaissance
inconditionnelle laisse croire à l'enfant que s'il échoue il risque
de ne plus être aimé ou peut - être moins aimé. Par
conséquent l'enfant a peur de l'échec. Il se sent paralysé
et il n'entreprend pas. " Qui ne risque rien n'a rien " nous dit le
proverbe et voilà comment beaucoup de personnes se retrouvent dans des
situations d'échec.
La personne
avec laquelle le lien se tisse le plus tôt est la mère et cette
dernière va jouer un rôle fondamental par rapport à la confiance
que ses enfants vont développer ou non dans la vie.
Beaucoup de mères n'ont pas eu le mode d'emploi d'une relation en santé
avec leurs enfants et toutes ne sont pas naturellement des mamans capables de
donner de la tendresse et des bisous
Si beaucoup, pour ne pas dire toutes, ont de l'amour pour leur enfant, nombreuses
sont celles qui ne parviennent pas à le distiller harmonieusement dans
la relation, de façon à ce que l'enfant se sente aimé.
Quand un enfant ne se sent pas aimé il ne peut pas concevoir que sa mère
ne sache pas aimer. Le message qui s'inscrit en lui, au plus profond de son
inconscient est qu'il n'est pas digne d'être aimé ; c'est qu'il
n'a pas de valeur. Par conséquent puisqu'il n'a pas de valeur il ne PEUT
pas réussir et inconsciemment il s'arrange pour saboter toutes ses chances.
Quand la réussite se présente quand même et qu'un poste
important est proposé ou que le partenaire " idéal "
surgit ou tout autre événement vécu comme " c'est
trop beau pour être vrai ", inconsciemment, comme un enfant qui n'aurait
jamais eu un beau jouet, la personne va " casser " tout de suite ce
qui lui semble trop beau pour elle. C'est une façon de ne pas trop s'attacher,
de ne pas trop y croire, de peur d'être trop déçu(e), de
trop souffrir si cette réussite devait ne pas durer.
Paradoxalement certains se suicident par peur de la mort. Beaucoup échouent
par peur de l'échec.
Il faut aussi ne pas perdre de vue que toute situation inconfortable présente
également des bénéfices secondaires.
Ainsi une personne habituée à l'échec peut également
être connue et reconnue pour ce que certains appelleront " pas de
chance ". La peur de ne plus être reconnue donc de ne plus exister
va pousser la personne à " s'engluer " dans cette situation
et elle peut stagner dans ce que nous appellerons " l'érotisation
de la souffrance ".
Il va de soi que plus la situation d'échec s'est inscrite tôt dans la vie d'une personne et plus le nombre d'échecs augmente plus le message d'échec se renforce et alimente l'effet Pygmalion, donnant à ceux qui le vivent un sentiment de fatalité et d'impuissance.
Nous conclurons
cependant sur une note d'espoir. Il est bien différent d'être porteur
d'une plaie ouverte et d'avoir sur le corps les nombreuses cicatrices des blessures
guéries. Nous ne pouvons pas changer notre passé mais nous avons
la capacité de changer notre regard sur le passé, même quand
celui-ci a été occulté, il existe des techniques pour communiquer
avec notre inconscient et être à l'écoute de ce que ce dernier
nous envoie comme messages à décoder.
En guérissant de nos blessures les plus anciennes nous pouvons réapprendre
ou apprendre à nous aimer, à retrouver de l'estime pour nous,
à acquérir davantage de confiance et nous autoriser à REUSSIR
notre Vie .
Sur
le chemin de Pygmalion,
ou du besoin de reconnaissance
De même
que Pygmalion a donné vie à sa statue Galathée en croyant
cette vie possible, nous pouvons devenir les auteurs de notre propre existence
en nous libérant des chaînes du passé, en sortant des messages
qui nous ont définis, conditionnés, et en retrouvant notre capacité
à créer. Ce faisant nous retrouvons notre responsabilité
ou " réponse habilitée ".
Pour retrouver la liberté de gérer sa propre vie il est important
de connaître ce que l'on appelle " l'effet Pygmalion ", c'est
à dire le phénomène qui consiste en ce qu'une croyance
provoque la réalisation d'un événement, précisément
et uniquement parce que cette croyance existe. C'est ce que l'on appelle également
la réalisation automatique des prophéties, ou encore le phénomène
Oedipien.
L'être humain est un être d'amour et de reconnaissance. Il est conçu,
il se construit, il grandit dans ce besoin d'exister, c'est à dire de
recevoir des signes de reconnaissance. Cette dernière peut être
conditionnelle, liée au FAIRE , ou inconditionnelle liée à
l'ÊTRE .
Dans les deux cas les marques de reconnaissance peuvent être positives
ou négatives. Ces " marques " peuvent effectivement s'imprimer
en nous et nous verrons à quel point une étiquette peut "
coller " et provoquer ce que parfois nous souhaitons tout au contraire
éviter.
Que CROIRE pour CROÎTRE ?